Dans cette réforme des rythmes scolaires, on a jamais autant invoqué les chronobiologistes... Mais les a-t-on vraiment entendu ? Les a-t-on seulement lu ? Si on avait été y regarder de plus près, on aurait sans doute été étonné de ne pas les voir sauter de joie à la publication du décret sur les rythmes et à la volonté de l'appliquer à marche forcée pour la rentrée 2013.
Et pour cause... Tous soulignent que le rythme hebdomadaire doit être le plus régulier possible et condamnent les trop longues pauses, comme le week-end de deux jours - ce que ne modifie pas le décret... Tous soulignent aussi que les enfants sont plus disponibles pour les apprentissages le matin... mais pas dans n'importe quelles conditions et n'importe quelle organisation des apprentissages, ce à quoi ne touche pas le décret !
Alors, à Prenons le temps pour nos enfants, nous vous invitons à découvrir les interventions de Claire Lecomte, chronobiologiste, professeur émérite en psychologie du développement à l'université Lille 3.
"Comment peut-on croire et faire croire que diminuer simplement la
journée d’une demi heure – ou de ¾ d’h - va permettre un mieux
apprendre pour tous les enfants et un mieux-vivre de tous ? Ce n’est
pas l’allégement des journées de classe (tel que le propose le décret) qui
permettra d’améliorer l’efficacité des apprentissages, mais bien une
meilleure répartition du temps scolaire."
Et nous vous proposons un extrait d'entretien avec le SNUIPP 75 où elle explique pourquoi ce décret n'améliore pas radicalement le temps des enfants passés à l'école. Elle tacle au passage ceux qui se fondent sur la chronobiologie pour proposer un rallongement de la pause méridienne en répétant que « La pause méridienne est une période des plus compliquées à organiser correctement ».
"Quelles sont les principales critiques que vous formulez sur le projet de décret réorganisant les rythmes scolaires ?
Ce décret est une réécriture de celui de 2008 dont l’économie principale
était la suppression du samedi. Dans le cadre de la refondation de
l’école on attendait un décret donnant aux enfants et aux enseignants
les moyens en terme d’organisation temporelle d’apprendre mieux, avec
« apprendre » dans les deux acceptions du terme.
Or le cadre temporel imposé rigidifie totalement l’emboîtement des
heures, scolaires, non scolaires. Il émiette les temps des enfants, et
celui des enseignants, au lieu de leur donner la cohérence indispensable
au développement harmonieux des enfants.
Il ne permet aucunement de construire un projet éducatif permettant des
transferts d’apprentissage. Il met hors-la-loi les projets construits
ainsi voici plus de 16 ans et qui font encore leurs preuves aujourd’hui
pour le bien-être des enfants mais aussi la meilleure qualité de vie
professionnelle des enseignants.
Il faut donc réécrire ce décret et non juste l’amender...